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Lycées professionnels : l’impossible recherche de stages

De ses trois années de baccalauréat professionnel gestion administration, Sabri (qui a souhaité rester anonyme) ne garde pas que des bons souvenirs. Après avoir passé des semaines à contacter des pharmacies, des cabinets de juristes, en vain, il finit par décrocher un stage au CS Pouchet Paris XVII, un club de football parisien. « Je lavais les maillots, j’entraînais les équipes… », raconte le jeune homme qui y a effectué son stage de seconde.
En 1re, après une nouvelle vague de refus, il obtient, au dernier moment, un stage dans un supermarché dans le 18e arrondissement de Paris. Il doit y gérer les rayons. « Ça m’a complètement démotivé, admet-il. Je n’y allais même plus, moi ce que je voulais c’était apprendre des choses utiles pour mes études. »
Pour les 627 000 lycéens de la voie pro, ces stages ou « périodes de formation en milieu professionnel » obligatoires ont lieu tout au long de l’année scolaire, en complément de leurs enseignements théoriques. Sur les trois années d’études, les jeunes doivent réaliser entre dix-huit et vingt-deux semaines en entreprise. Une durée qui peut être allongée depuis la réforme de la voie professionnelle annoncée par Emmanuel Macron en 2022. Les terminales peuvent décider d’effectuer six semaines supplémentaires de stage ou bien suivre six semaines de cours.
Une annonce qui avait fait bondir une partie de la communauté éducative, qui a rappelé la difficulté pour ces jeunes à se faire accueillir par des entreprises. Trouver une offre de stage qui correspond en plus aux attendus de la formation relève même d’une mission « quasi impossible », déplore Pascal Vivier, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement technique action autonome. « La vérité, c’est qu’on passe notre temps à bidouiller pour que nos élèves valident leur stage, il y a plein de compétences qui devraient être remplies et qui ne le sont pas, mais on ferme les yeux. »
« Nos enseignants nous disent : “Déjà, trouve un stage, et si ça a un rapport avec ta formation, tant mieux ; le but, c’est d’en trouver un pour avoir ton année” », raconte Julien, 19 ans, en BTS communication après trois années de bac professionnel. En 2de, après avoir envoyé une dizaine de CV, sans réponse, le jeune homme effectue sa période de formation dans une imprimerie. Pendant six semaines, il ne fait que de la manutention. « J’ai détesté ce stage, mais je n’avais rien d’autre. Pour la plupart de mes camarades, il s’agissait aussi de stages par défaut, sauf pour ceux qui ont été pistonnés », relate amèrement l’étudiant.
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